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POÉSIES DE MON CŒUR (a) POÉSIES DE MON CŒUR (i)
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Deux-ctionnaire


A

Deux arbres amis, un soir de décembre,
Bavardaient du bout de leurs branches nues
Tandis qu'un vieux couple au lit dans sa chambre
S'endormait sans même un mot bienvenu.


B

Deux bottes de foin dans le pré d'en face,
Une paire en somme, attendaient... « Assez !
Attendre... Quoi donc ? Attendre, ça lasse !
— Chère, serions-nous des bottes... lassées ? »


C

Deux chevaux tout blancs s'appréciaient comme
Font tous les chevaux ; guerriers inhumains,
Un cheval préfère un cheval à l'homme
S'il charge en braillant un sabre à la main.


D

Deux doigts, voulait-elle – « Un peu de bourgogne... »,
Ça n'est pas beaucoup, deux doigts seulement,
L'index, le majeur... Deux, mais sans vergogne
Elle les tenait verticalement.


E

Deux éclairs jumeaux, nés un jour d'orage,
Brillèrent gaiement pour périr soudain
D'un éclat de rire ; il faut du courage
Pour vivre si peu et rester badin.


F

Deux feuilles au sol, flamboyants vestiges
De l'août finissant, demain trépassées,
Échangeaient encor tige contre tige
Quelques souvenirs de l'été passé.


G

Deux glaçons pendus sous le toit de givre
Pleuraient goutte à goutte, ingrate leçon
Des premiers beaux jours quand il fait bon vivre,
L'existence brève, hélas, des glaçons.


H

Deux herbes menues au pied d'un grand frêne,
Modestes fétus, quand même à penser,
Songeaient que, pardi, tout part d'une graine ;
Qu'on naisse herbe ou arbre, il faut commencer.


I

Deux idées, ma foi, c'est une plus une,
Celle que j'avais, par toi validée
Et vice-versa, chacun sa chacune,
Dès lors nous avons chacun deux idées.


J

Deux jeunes ensemble, un garçon imberbe
Et sa fiancée, couchés à l'étroit,
Se souvenaient du célèbre proverbe
Qui dit, c'est bien vrai : « Jamais deux sans trois ».


K

Deux kiwis juteux à la bonne mine,
Sur l'actinidie croissaient sans répit ;
Celui qu'on cueillit pour ses vitamines
En mourut bientôt, tout vert de dépit.


L

Deux livres de chants, pour être à la page,
N'étaient pas d'accord. « Aux vers, se fier ?
C'est vieux jeu ! — Pour sûr ! C'est ce que propagent
Ceux qui sont trop sots pour versifier ! »


M

Deux matous assis quelque part sur l'herbe
Humaient le zéphyr le soir en rêvant
Tandis que près d'eux deux savants acerbes
Débattaient sans fin de l'odeur du vent.


N

Deux nuages gris, sachant ce que coûte
De pleuvoir trop fort, évitaient le jour.
« Parfaite, la nuit, car on n'y voit goutte »
Disaient-ils, prudents. Ils sont là toujours.


O

Deux oiseaux ailés, comme sont ces bêtes,
Migraient vers le sud et prestissimo
Affrontaient les pluies, les vents, les tempêtes :
Deux oiseaux zélés – si j'ose ce mot.


P

Deux palmiers du Nil, au temps d'el-Sadate,
Par ce phénomène étrange et charmant
Qu'on appelle concordance des dattes,
Portaient mêmes fruits au même moment.


Q

Deux quidams : « Vous ! Hier, à Chalon-sur-Saône !
— Suis jamais allé ! — Moi non plus, d'ailleurs.
Il doit s'agir de... deux autres personnes. »
La logique, en somme, y' a rien de meilleur. (1)


R

Deux reflets tremblaient, fils d'une fenêtre
Et du dieu Soleil, pour un gros nimbus.
La vie, c'est Phébus qui les a fait naître,
La mort, c'est la nue qui masque Phébus.


S

Deux statues d'airain dressées sur la place
S'animaient la nuit. Spectacle intrigant,
« L'une supplée l'autre, elles se remplacent ! »
Jurait le poivrot. Ah, le vieux brigand !


T

Deux troncs côte à côte, en ramée garance,
Érables pour sûr, formaient un grand V.
Un seul tronc dessous, deux pour l'apparence :
Liens bien cachés, liens éprouvés.


U

Deux unaus pendus dessous une branche
Somnolaient. Pour vous, chaque jour qui naît,
Braves paresseux, s'appelle dimanche,
Grasse matinée... toute la journée.


V

Deux valets sur quatre amoureux d'Argine...
« Lancelot, Lahire, Hogier... Ou Hector ?
Argine, c'est mal ! — Mal ? Roi misogyne,
C'est bien fait pour toi ! » Elle n'a pas tort.


W

Deux wagons de veaux pour l'agriculture
En voyant les gens se précipiter
Vers les grands wagons qu'on nomme voitures :
« Drôles d'animaux, sans cesse agités... »


X

Deux xérès coulant une vie paisible
Au fond d'un caveau furent déterrés.
Ils coulèrent lors, c'était prévisible,
Pour leur inventeur – souvent altéré !


Y

Deux yeux, c'est le compte à moins que l'on naisse
Insecte, araignée, crabe... C'est dupant :
Un œil sur chaque aile, c'est la vanesse,
Cent yeux sur le dos, c'est la queue du paon.


Z

Deux zigues connus pour jamais se taire
Regardaient muets le Soleil levant ;
Un troisième osait mille commentaires,
Taiseux réputé – détail aggravant.
Annonay, mercredis 7, 14, 21 et 28 août 2019
(1) Synérèse sur y' a (ia)


Le « Deux-ctionnaire » est un petit livre virtuel réalisé vers la fin des années 2000, peut-être au début des années 2010.

Il date de l’époque où j’étais davantage photographe que poète... J’ai pourtant retrouvé, quelques années après, dans les définitions des mots qui le composent suffisamment de matière poétique pour avoir envie de m’en inspirer pour écrire un poème sur le même principe : 26 lettres, 26 mots évoquant des paires ou des couples d’objets, d’animaux ou de personnes, chacune dans une situation particulière. J’ai d’ailleurs repris, pour plusieurs entrées, le même mot que dans le « Deux-ctionnaire » primitif.

Même si le « Deux-ctionnaire » et le poème éponyme ne sont pas identiques en tout point, il m’a semblé opportun de mettre à la disposition des visiteurs du site des Cahiers des Poésies de mon cœur le livret original. Vous pouvez le télécharger depuis la page « Téléchargement & achat » ou le consulter en livre animé.

Accès au livre animé du Deux-ctionnaire


Signature (a)
Signature (i)
Icône du volume (a)